En ce mois de l’Architecture Occitanie, la Maison des Patrimoines et de la Culture d’Ibos accueille actuellement deux expositions.
Ibos, la ville, la rue, la maison
CAUE65 – Association Maison des Patrimoines d’Ibos
Dans un souci de transmission de la richesse du patrimoine de leur village, les responsables de la commune d’Ibos et l’association La Maison des Patrimoines d’Ibos ont souhaité disposer d’éléments d’analyse afin d’une part, de mieux comprendre son organisation et d’autre part, d’amorcer une réflexion sur les facteurs indispensables à prendre en considération pour assurer un développement cohérent de l’urbanisme.
L’étude réalisée par le CAUE des Hautes-Pyrénées propose d’être un « outil de lecture» pour comprendre l’organisation de l’espace.
L’analyse amorcée constitue la première étape d’une démarche plus globale qui consiste à « apprendre à regarder » un espace, à en percevoir ses composantes, ses caractéristiques, à en déceler les constantes et prendre conscience de ses valeurs, aussi bien pour ses qualités formelles que pour sa signification sociale et symbolique : autrement dit, percevoir la valeur culturelle de l’espace.
C’est le résultat de ce travail qui vous est présenté car l’investissement de tous est nécessaire.
La Protohistoire à Ibos
Fonds du Musée d’Aquitaine
Exposition photographique
Au Ier Âge du Fer (– 800 à – 450 avant Jésus-Christ), les défunts importants sont inhumés d’une manière particulière : leur corps est brûlé et les ossements sont placés dans des urnes en terre cuite enfouies avec des objets au sein de tumulus, tertres de pierres et de terre, parfois antérieurs. Ces tumulus se trouvent souvent sur des landes de hauteur, zones éloignées des lieux d’habitat ou de sites défensifs comme le Castéra (daté de la même période).
À Ibos, l’important tumulus du bois de la Hès, dit T. A64. I, (diamètre : 32 mètres ; hauteur : 1,50 mètre), à l’ouest du plateau de Ger, situé sur le tracé de l’autoroute A 64, a été fouillé en 1984-1986 par Sylvie Ruiné-Lacabe et Jean-Jacques Mangnez. Le mobilier en est déposé au Musée d’Aquitaine à Bordeaux.
Il comportait une couronne de galets, certains liés à l’argile. À l’intérieur, cinq zones pavées de petits galets conservaient des traces de charbons de bois. Les archéologues y ont découvert 59 sépultures : 57 étaient des urnes contenant des ossements humains calcinés, deux autres étaient des dépôts d’ossements en pleine terre.
La plupart des urnes en céramique, aux profils variés, portaient des décors de lignes et d’incisions. Elles étaient majoritairement fermées d’une coupe formant couvercle. Certaines étaient groupées par deux ou quatre (inhumations simultanées ?). Elles étaient entourées de charbons et d’un important mobilier en fer et bronze : fibules (agrafes de vêtements), torques (colliers rigides), épées, poignards, lances, pointes de javelots, harnachements de cheval. Dedans, avec les ossements calcinés, se trouvaient aussi des fibules, plaques de ceinture, colliers, torques, petit vases d’offrandes (pouvant avoir contenu du vin) et outils de silex. À noter la découverte d’un exceptionnel collier de 44 perles bleues en pâte de verre accompagnées d’un médaillon et d’une chaînette de bronze. Ces perles ont été importées de la Méditerranée orientale, Égypte ou Mésopotamie, preuve d’échanges commerciaux et du statut important du défunt.
Les armes – en fer avec incrustations de bronze – sont associées à des personnages inhumés avec leur panoplie de guerrier : poignard, épée, lance. Elles ont généralement été tordues ou mutilées, pratique alors courante et inexpliquée. Ainsi que les éléments de parure, ces objets se retrouvent dans une aire commune incluant le nord de l’Espagne et l’Aquitaine. L’une des tombes semble avoir été celle d’un Celtibère, sujet originaire du centre ou de l’ouest de la péninsule ibérique.
Ce site protohistorique d’Ibos s’est révélé riche mais complexe. Certains chercheurs ont proposé une première utilisation dès l’Âge du Cuivre (zones pavées), puis à l’Âge du Bronze (couronne de galets) et enfin à l’Âge du Fer. Le tumulus du Bois de la Hès reste exceptionnel par la variété, la quantité et la richesse du mobilier mis au jour.